L'éblouissante histoire d'Eben BYERS...
- Cbrne tactical
- 30 déc. 2023
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En 1927, Eben Byers, champion de golf, homme du monde et magnat de l'acier tombe de la couchette de son wagon-lit alors qu'il se rend au match de football annuel entre Harvard et Yale.
S'étant blessé au bras, il souffre dans les semaines qui suivent d'une douleur lancinante.
Son physiothérapeute, Charles Clinton Moyar, lui recommande alors de prendre du Radithor, un tout nouveau remède miracle dont l'ingrédient actif n'est autre que le radium, le produit de désintégration de l'uranium.

A cette époque, le monde est en effet rempli d'optimisme et de nouvelles découvertes scientifiques prolifèrent à chaque coin de rue.
Marie Skłodowska-Curie et Pierre Curie venaient de découvrir le radium, et dès le premier quart du 20e siècle, ce miraculeux métal fluorescent a rapidement été détourné comme traitement de santé et additif populaire dans des produits tels que le dentifrice, la crème pour les cheveux, et même dans l'alimentation.
La douleur au bras persistant, Byers se met à boire tous les jours une fiole de Radithor, ce qui, selon lui, améliore son état.
À partir de décembre 1927, il consomme en moyenne trois bouteilles par jour, et ce pendant deux ans. Son enthousiasme pour le Radithor est tel qu'il en vante les mérites, en donnant des caisses à ses amis et en en administrant même à l'un de ses chevaux.
En 1930, après avoir consommé près de 1000 fioles, Byers constate que ses dents commencent à tomber. Alarmé, il arrête sa consommation, mais il est trop tard.
Le radium est malheureusement chimiquement similaire au calcium. Lorsqu'il est ingéré, il se dépose principalement dans les os, où il émet des radiations et cause de nombreux dommages aux tissus.
Le Dr Joseph Manning Steiner, spécialiste des rayons X à Manhattan, se rend compte après avoir examiné Byers que ses maux de tête et ses douleurs à la mâchoire sont similaires aux symptômes signalés par les "Radium Girls", ces ouvrières d'usine tombées malades en peignant des pièces d'horlogerie avec de la peinture au radium fluorescent.
En septembre 1931, Eben Byers ne peut à peine parler. Sa tête est couverte de bandages après avoir subi deux opérations successives au cours desquelles toute sa mâchoire supérieure, à l'exception de deux dents de devant, et la plus grande partie de sa mâchoire inférieure ont été enlevées. Tous les tissus osseux restants de son corps se désintégrent lentement et des trous se forment dans son crâne.

À la mort de Byers, le 31 mars 1932, sa dépouille est autopsiée. Sa mort a été causée par un cancer qui a rongé ses os et un abcès s'est formé dans son cerveau. On estime que 36 microgrammes de radium sont restés répartis dans ses os alors qu'une dose mortelle n'est établie qu'à partir de 2 microgrammes.
Le corps de Byers est si radioactif que celui-ci dut être enterré dans un cercueil recouvert de plomb.
En 1965, des scientifiques ont exhumé la dépouille de Byers pour étudier les effets des radiations sur les restes humains. Ces derniers constatent que le corps est encore deux fois plus radioactif que ce qu'ils pensaient, sur la base de la consommation de Radithor qu'Eben Byers avait lui-même déclarée.
Le radium ayant une demi-vie de 1 600 ans, le corps fut replacé immédiatement dans son cercueil de plomb, jugé trop dangereux.
Eben Byers fût alors laissé en paix, dans une lumière légèrement et dangereusement fluorescente.
En décembre 1931, le Laboratoire Bailey, inventeur du Radithor, est sommé de cesser ses activités. C'est la fin de l'industrie des traitements doux par le radium. Les associations médicales saisissent l'occasion pour réclamer une législation plus sévère sur la commercialisation, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, des produits contenant des substances radioactives. Aujourd'hui, la commercialisation des produits radioactifs est très réglementée : c'est une conséquence de l'affaire Byers.
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