Attaque à l'explosif contre le Hezbollah : un nouveau chapitre dans la guerre technologique.

Le 17 septembre 2024, vers 15h30, une série d'explosions a secoué le Liban et la Syrie.

Ce ne sont pas des bombes traditionnelles qui ont causé la destruction, mais des milliers de bipeurs numériques. Le bilan est lourd : au moins 9 morts et 2 800 blessés, bien que le nombre réel de victimes pourrait être bien plus élevé.

Les détenteurs de ces bipeurs partageaient un lien commun : leur appartenance au Hezbollah, une organisation considérée comme terroriste par de nombreux gouvernements à travers le monde.

Les regards se sont rapidement tournés vers Israël et son unité d'élite de renseignement, l'Unité 8200, soupçonnée d'être à l'origine de ces attentats coordonnés.

Le lendemain, des talkies-walkies de fabrication japonaise (ICOM IC-V82) ont également explosé dans la région, tuant et blessant encore davantage. ICOM a rapidement démenti toute responsabilité, affirmant que ces appareils étaient des contrefaçons. Le gouvernement israélien, de son côté, n’a pas officiellement reconnu l'attaque, mais les spéculations vont bon train quant à la sophistication de cette opération, rappelant des précédents comme l'assassinat de "L'Ingénieur" en 1996, tué par un téléphone piégé.

L'infiltration d'une chaîne d'approvisionnement sécurisée :

Ces attaques soulèvent d’importantes questions sur l'infiltration de la chaîne d'approvisionnement du Hezbollah.

L’organisation avait délibérément opté pour des bipeurs, jugés plus sécurisés que les téléphones portables, afin d'échapper à la surveillance israélienne. Pourtant, ces appareils, a priori anodins, ont été transformés en armes mortelles. Les bipeurs utilisés semblent provenir d'une entreprise taïwanaise, mais des indices pointent vers une société hongroise, BAC Consulting, impliquée dans la fabrication et la distribution des appareils. Il reste à déterminer si cette société était consciente de son rôle dans cette opération ou si elle a été dupée.

Une ingéniosité explosive :

Au-delà de la pénétration des réseaux logistiques du Hezbollah, l’aspect le plus fascinant de cette attaque réside dans la technologie des appareils explosifs.

Créer une charge explosive suffisamment petite pour tenir dans un bipeur tout en conservant une puissance de détonation capable de causer de telles destructions requiert une ingénierie de pointe.

Certains ont émis l'hypothèse que ces explosions pourraient avoir été déclenchées par une cyberattaque visant à faire surchauffer les batteries lithium-ion des appareils. Toutefois, les explosions observées suggèrent l'utilisation d'explosifs hautement sophistiqués, comme le PETN ou le RDX, plutôt que de simples déflagrations dues à des batteries.

Implication pour la sécurité aérienne :

Un des aspects les plus inquiétants de cette attaque est la possibilité que cette technologie soit utilisée contre l'aviation civile. Les pagers et les radios portatives sont des appareils courants et largement utilisés dans le monde entier.

S'ils peuvent être transformés en engins explosifs indétectables, cela pose un risque majeur pour les protocoles de sécurité actuels.

Le Hezbollah a déjà testé ses dispositifs électroniques dans des aéroports pour voir si les contrôles de sécurité les détecteraient. Il est donc crucial que les autorités internationales renforcent leurs procédures de détection pour anticiper ce type de menaces.

Conclusion :

Cette attaque marque un tournant dans la guerre technologique menée par Israël contre ses ennemis.

En infiltrant la chaîne d'approvisionnement du Hezbollah et en utilisant des dispositifs explosifs miniaturisés, les Israéliens ont montré une maîtrise impressionnante des technologies de sabotage. Bien que cet acte n’ait probablement pas un impact militaire décisif, il pousse les adversaires d’Israël à repenser leurs stratégies et vulnérabilités.

Toutefois, il soulève aussi une question préoccupante : jusqu'où cette technologie pourrait-elle être utilisée, notamment contre des cibles civiles comme l'aviation ?

Les autorités devront redoubler de vigilance pour éviter que cette menace ne se répande plus largement.

Source:

Scott Sweetow - Sofrep.com