top of page

Détermination de la quantité d'explosif post-explosion : une approche à la Sherlock Holmes...

  • Cbrne tactical
  • 23 nov. 2023
  • 3 min de lecture


Lors d'une enquête post-explosion, la précision dans la détermination de la quantité d'explosif utilisé est cruciale pour orienter rapidement les investigations. Plutôt que de se précipiter sur le site, une approche à la manière de Sherlock Holmes privilégie l'observation minutieuse de l'environnement.


Avant tout, prendre le temps de ressentir l'atmosphère du site s'avère essentiel. Sherlock lui-même aurait sans doute souligné l'importance de cette première étape, "une déduction subtile issue de l'observation des éléments environnants".... N'est-ce pas Watson ?


Analyser les dégâts caractéristiques causés par l'explosion constitue le cœur de la méthode. Le cratère, véritable empreinte du souffle destructeur, offre des indices cruciaux. Des mesures précises, des angles calculés depuis l'épicentre jusqu'aux véhicules renversés, ainsi que jusqu'aux vitres brisées des immeubles voisins, permettent d'établir une cartographie subtile des dommages et surtout une estimation de la quantité d'explosif utilisée.


Une investigation exhaustive ne saurait être menée sans l'examen supplémentaire des panneaux de signalisation routière affectés par le souffle dévastateur de l'explosion. Chaque panneau, méticuleusement documenté, devient une pièce clé du puzzle. Ces structures, souvent négligées, sont en effet, des témoins silencieux qui enregistrent l'impact brutal de l'explosion.





Lors de l'enquête sur l'explosion du bâtiment fédéral Alfred P. Murrah à Oklahoma City le 19 avril 1995, l'équipe d'enquêteurs spécialisés en scènes de crime post-explosion a atteint l'apogée de ce travail minutieux:


Dépêchés sur les lieux immédiatement après l'événement, ces derniers, véritables Sherlock Holmes modernes, ont réalisé des relevés détaillés sur trois zones cruciales.


La première zone étudiée était le cratère formé par la détonation de l'engin explosif. Les mesures ont révélé un diamètre maximum de 9,45 mètres et un diamètre minimum de 6,40 mètres, offrant un point de départ solide pour l'analyse.


Ensuite, les enquêteurs se sont concentrés sur les abords immédiats de l'épicentre, observant de près les véhicules impactés par le souffle. Les résultats ont montré que les premiers véhicules non retournés par le souffle de l'explosion se trouvaient à 29,5 mètres du cratère, tandis que les derniers véhicules retournés les plus loin de l'épicentre étaient situés à une distance de 23,7 mètres.


La troisième zone explorée concernait les bris de vitre. Les indices ont été recueillis à l'intérieur du site et sur les immeubles alentours. Parmi toutes les mesures, une attention particulière a été portée sur le bâtiment YMCA situé à quelques centaines de mètres de l'épicentre présentant un taux de 50 % de vitres brisées, de taille 8 x 41 pouces et une épaisseur de 1/8 de pouce.


Enfin, les panneaux de signalisation routière ont été minutieusement répertoriés et mesurés tant au niveau de leur déformation structurelle qu'à leur distance de projection.



L'analyse de ces données a été effectuée à l'aide de documentations spécifiques, se référant notamment aux critères de bris de glace, de véhicules retournés et de déformation structurelle du mobilier urbain ( Explosion Hazard and Evaluation by Baker 1983 - US Army Corps of Engineers, Waterways Experiment Station, Vicksburg, Mississippi).


Les enquêteurs ont fait preuve d'une précision remarquable en utilisant ces références, parvenant à une conclusion brillante, voyez plutôt :


Il faut savoir, avant cela, que les deux auteurs présumés, Timothy McVeigh et Terry Nichols, étaient déjà suspectés par les enquêteurs, dans ce dossier, pour le vol dans plusieurs sites au Kansas, de nitrate d'ammonium, de bidons d'essences, d'explosifs militaires et de détonateurs pour un poids total estimé de 2702 kilos. En appliquant les critères d'évaluation et en se basant sur les données collectées sur le site, les enquêteurs ont estimé le poids approximatif de l'explosif à 2695 kilos soit une différence de 7 kg seulement.


Autant dire que Sherlock Holmes, lui-même, aurait pu être fier d'eux. " Élémentaire, mes chers collègues ! "


Ce rapport d'enquête se distingue par son niveau exceptionnel de précision, établissant clairement le lien entre les faits survenus lors de l'explosion, la qualité des mesures effectuées sur site et les activités antérieures des suspects.



En conclusion, résoudre l'énigme de la quantité d'explosif nécessite une approche réfléchie, où chaque détail, du cratère aux vitres brisées, est un indice potentiel. En empruntant la méthode de Sherlock Holmes, les enquêteurs peuvent espérer dévoiler les secrets cachés dans les traces laissées par l'explosion, permettant ainsi de mettre en lumière les tenants et aboutissants d'un acte souvent tragique.




Source:

Practical bomb scene investigation James T Thurman, Édition CRC Press - Practical aspects of criminal and forensic investigations series




Kommentarer


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

  • Instagram

© 2023 par CBRNE Tactical. Créé avec Wix.com

bottom of page